La Communauté des Orchidées

Nomenclature des orchidées

LA NOMENCLATURE Par Patrick Bertrand


LES REGLES DE LA NOMENCLATURE

La nomenclature binominale

Le naturaliste suédois Carl Von L1NNE, dans la dixième édition du Systema naturoe (1758) a jeté les bases de la nomenclature binominale.
L'espèce est désignée par un binôme, c'est à dire par deux noms latins, écrits en italique, suivis par le nom abrégé de l'auteur qui a décrit et nommé cette espèce le premier et de la date de publication, (Dendrobium nobile lindl. 1836) Toutefois, pour simplifier, on néglige couramment le nom de l'auteur et la date ; dans les ouvrages scientifiques, on ne le cite que lors du premier emploi du binôme et chaque fois qu'il y a un risque de confusion.

Le premier nom, Dendrobium, est celui du genre; c'est un nom au nominatif (le cas qui sert à désigner) singulier et il s'écrit toujours avec une majuscule comme un nom propre. Le deuxième nom, nobile, est celui de l'espèce; Il s'agit d'un adjectif qui s'accorde au nom de genre, selon les règles de la grammaire latine (nobilis au masculin et au féminin, nobile au neutre) Le nom d'espèce est un déterminant, il peut donc être un adjectif, un participe présent ou passé, employé comme adjectif, un nom adjectivé ou un nom complément de nom ; il ne doit jamais prendre de majuscule, même s'il provient d'un nom propre comme un nom de lieu, un nom de personne ou encore d'un ancien nom de genre ; dans ce dernier cas, ce nom est au nominatif (apposition) alors qu'il est augénitif s'il provient d'un nom de personne puisqu'il est complément du nom de genre. Des mots grecs latinisés sont souvent employés. Pour désigner l'origine, on utilise généralement un adjectif dérivé du nom du lieu. Un nom latin ne prend jamais d'accent même s'il est tiré d'un mot grec, français ou autre qui en comporte. Le nom latin s'écrit toujours en alphabet latin, même dans un texte russe, arabe ou japonais (cf. les timbres représentant des plantes ou des animaux) Lorsqu'on ne peut pas l'écrire en italique (machine à écrire, manuscrit), on doit le souligner.

Exemples de noms d'espèce:

adjectifs:

Dendrobium speciosum, (D. remarquable )
Miltonia spectabilis, (M. remarquable )
Encyclia vitellina, (E. couleur jaune d'oeuf )
Epidendrum atropurpureum, (E. rouge sombre)
Epidendrum ciliare, (E. cilié)
Brassavola nodosa, (B. noueux)
Vanda teres, (V. térète (à feuilles cylindriques)

Participes présents:

Vanilla fragrans, (V. parfumée)
Participes passés:
Bletilla striata, (B. strié)
Calanthe vestita, (C. vêtu)

Noms adjectivés:

Phalaenopsis lueddemannia, (Ph. de Lueddemann)
Ansellia africana, (A. africain)
Epidendum ibaguense, (E. d'Ibagua (ville de Colombie)

Mots grecs latinisés et adjectivés:

Coryanthes macrantha, (C. à grandes fleurs)
Oncidium ornithorhynchum, (O. à bec d'oiseau)
Oncidium leuchochilum (O. à labelle blanc)

Noms en apposition:

Cypripedium calceolus, (C. petit soulier)
Oncidium papilio, (O. papillon)
Orchis simia (O. singe)

Noms de personne:14

Miltonia clowesii, (M. de Clowes) (double génitif pour les patronymes, sauf
pour les noms les plus anciens)
Bubophyllum lobbii, (B. de Lobb)
Anoectochilus frederici-augustii, (A. de Frédéric-Auguste)
Dendrobium victoria-reginae, (D. de la reine Victoria).

Lorsqu'une espèce n'est pas identifiée, alors qu'on a déterminé le genre auquel elle appartient, par exemple Vanda, on la dénomme Vanda species, c'est à dire «une espèce de Vanda» et on écrit Vanda sp. S'il on veut évoquer plusieurs espèces distinctes du même genre, on écrit Vanda spp. (à ne pas confondre avec ssp.,
abréviation de sub species, sous-espèce).

Le nom du genre peut être issu de l'ancien nom latin ou grec de l'être vivant (Canis = chien) ou d'un autre (Daphne = laurier, transfert de nom) ; c'est rarement le cas chez les orchidées. Le plus souvent, il est créé à partir de mots communs latins ou plus souvent encore grecs latinisés et évoque un caractère morphologique ou
écologique du genre; il peut aussi dériver du nom d'une personne à qui la plante est dédiée (un botaniste, un souverain, un mécène, etc) Parfois, c'est le nom vernaculaire de la plante ou d'une autre espèce de plante ou d'animal dans son pays d'origine.

Exemples de noms de genres d'orchidées:

Caractère morphologique:

Maxillaria, de maxilla, mâchoire; Ophrys, sourcil; Orchis, testicule;
Coryanthes, fleur en casque;. Phalaenopsis, aspect de papillon;
Zygopetalum, pétales soudés;
Caractère écologique
Dendrobium, qui vit sur les arbres; Epidendrum, sur les arbres;

Nom de personne:

Lycaste, belle femme de l'Antiquité; Cattleya, Cattley, horticulteur orchidophile anglais du XIXême siècle.

Nom vernaculaire: Vanilla, vanille, de vainilla, nom espagnol de la plante,
Ada, nom d'un colibri en Amérique du sud.

Abréviations

Lorsque le nom du genre a déjà été cité, on peut le réduire à son initiale suivie d'un point, à condition qu'il soit suivi d'un nom d'espèce; cette abréviation est la règle dans les énumérations. On ne doit jamais abréger le nom d'espèce. Exemples:

Oncidium kramerianum, O. forbesii, O. luridum, O. ornithorhynchum,
Phalaenopsis lueddemanniana, Ph. schilleriana, Ph. amabilis ; Ph., représente la transcription latine de la seule lettre grecque = phi, de même Ch. pour = khi (Chysis), Th. pour = thêta (Thunia), Ps. pour = psi
(Psychopsis) ; Toutefois, on rencontre couramment : P. pour Ph. ou Ps. et C. pour Ch. Toute autre abréviation est proscrite : On ne doit pas écrire Onc., ni Phalaeno.

Synonymie

Le seul nom valable est le premier attribué. Souvent, une même espèce (ou un même genre) a été décrite sous des noms différents par plusieurs auteurs dans des régions différentes, à des dates plus ou moins éloignées, soit en raison de l'ignorance des travaux du premier auteur par les autres, soit parce que des différences minimes ont été surestimées et prises pour de bons caractères d'espèce. Le même auteur peut avoir décrit la même espèce sous deux noms différents. Lorsqu'il est établi que tous ces noms désignent la même espèce, seul le premier reste valable, les autres sont caducs et ne doivent plus être employés, même si l'un d'eux a été le seul utilisé pendant plus d'un siècle. C'est la règle de l'antériorité. Toutefois, on peut rappeler le synonyme entre parenthèses.

Exemples:

Bletilla striata Rchb. f. (B. hyacinthina Rchb. f.)
Disa uniflora Bergius (D. grandiflora Linné) ;
Doritis pulcherrima Lindl. Phalaenopsis buysoniana Rchb. f.) Ph. esmera/da Rchb. f.,
Ph. pulcherrima J.J. Sm).

Souvent, la révision de la classification conduit à changer une espèce de genre; on pourra écrire entre parenthèses l'ancien nom de genre suivi du nom de l'espèce.

Exemple.:

Aerangis biloba Schltr. (Angraecum bilobum Lind!.);

ou en négligeant les noms des auteurs: Cattleya citrina (Encyclia citrina).
L'espèce peut être éclatée en plusieurs espèces à l'occasion d'une révision. L'ancien nom est conservé pour l'espèce dans laquelle on range le spécimen qui a servi à la première description. L'auteur de la révision crée de nouveaux noms pour les autres espèces à moins qu'elles soient déjà décrites comme sous-espèces: dans ce cas, la
règle de l'antériorité s'applique. La règle de l'antériorité s'applique à toutes les unités taxonomiques. Remarque : le seul nom valable est celui de la première description, même s'il y est mal orthographié. C'est le cas de Ginkyo décrit pour la première fois sous le nom de Ginkgo. Il s'agit sans doute d'une coquille typographique. La correction dans les éditions ultérieures n'a pas de valeur et c'est Ginkgo qui s'impose.

Nomenclature des taxons de rang inférieur

Les règles relatives au nom d'espèce s'appliquent également aux noms de sous-espèce et de variété. Ces noms ne doivent jamais être employés sans le nom de l'espèce à laquelle appartient la sous-espèce ou la variété.

On écrira : Vanda tricolor var. suavis Veitch ; le nom d'auteur garantit qu'il s'agit d'une variété botanique et non d'un cultivar.

Les variétés cultivées, horticoles ou cultivars ne sont pas des unités taxonomiques car ce sont des créations artificielles. Leurs noms ne sont pas des mots latins, ils ne doivent donc pas être écrits en italique ni être suivis d'un nom d'auteur. Comme ce sont des hybrides interspécifiques à parenté souvent compliquée, ils sont précédés du seul nom de genre et de l'abréviation cv. (pour cultivar ou hybrides horticoles).

Ex.: Oncidium
cv. Bijou.
Hybrides
Un hybride interspécifique est désigné par le nom du genre suivi des deux noms d'espèces séparés par x, dans le cas d'hybride primaire, il peut recevoir un nom latin comme une espèce, mais précédé d'un x.

Exemples.: Angraecum x veitchii, synonyme d'A. eburneum x sesquipedale. Certains hybrides primaires sont spontanés dans les régions où coexistent les deux parents. Parfois, la duplication du nombre de chromosomes peut produire un hybride fixé aux caractères stables et dont l'hybridation avec ses parents est impossible: il est décrit comme une bonne espèce, sans x; son origine génétique est d'ailleurs souvent difficile à établir, surtout s'il ne coexiste plus avec ses parents.

Dans le cas d'hybrides intergénériques, on crée un nom de genre «hybride» avec le début du nom d'un genre et la fin de l'autre ou on crée un nom selon la règle des noms composés latins, avec un O intermédiaire.

Ex.: Odontioda, Miltonidium, Laeliocattleya, Sophrolaeliocattleya.

Lorsque l'hybride compte des parents dans quatre genres au moins, on crée un nouveau nom de genre. Ce nom, formé à partir d'un nom de personne (sans doute le premier obtenteur) suivi du suffixe «ara, n'a donc aucun rapport avec les noms des géniteurs.

Ex.: Vuylstekeara, Potinara.


Article réaliser par Mr Patrick Bertrand  (Membre de la S.O.L.O)






12/11/2008
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